Retour à Monaco, sur le Rocher, avec Azur, qui nous parle cette fois des caractéristiques du Grand Prix monégasque, mais aussi de son admiration (pour ne pas dire dévotion) au moins estimé des Schumacher…
BN : Venons-en à la course… Pourquoi le Grand Prix de Monaco est-il pour toi un rendez-vous incontournable ?
A : Parce que c'est le Grand-Prix le plus proche de chez moi. Si le Paul Ricard revenait au calendrier, il y aurait match. Je suis pile entre les deux circuits, à 1h10 de chacun environ.
BN : Ce Grand-Prix a ses détracteurs. Piste étroite, manque de dépassements… Que répondrais-tu à ceux qui jugent ce circuit inadapté à la F1 moderne ?
A : Je ne peux pas leur donner tort. Le GP de Monaco est malheureusement un des plus pénibles à regarder chaque année. Il y a tout de même des exceptions en cas de pluie (96’, 97’, 2005). Mais le challenge et l’intérêt de ce circuit sont ailleurs ! Grâce à la proximité des rails, le tracé sinueux, ça change des circuits modernes insipides qui offrent 50 mètres de dégagements bétonnés.
BN : A combien de GP as-tu déjà assisté ?
A : Le dimanche, aucun. La course est trop chère. Mais en ce qui concerne les séances d'essais et de qualifs à Monaco, je n’en ai raté aucune depuis 2003. J'avais 15 ans, j'en ai maintenant 26… faites le compte, ça en fait 11 déjà !
BN : Tu as donc réservé toute ta fin de semaine ?
A : Plus maintenant ! Avant j'y allais jeudi - vendredi - samedi quand le GP de Monaco tombait le week-end de l'Ascension. Mais depuis que Bernie s'est amusé à changer les dates, je me contente de mercredi (pour l’ambiance) et samedi.
BN : Parmi ces 11 éditions où tu as pu âtre présente, y en a-t-il eu une plus marquante que les autres ?
A (du tac au tac) : 2005, sans hésiter ! Rien que d’en parler, j'en ai encore des nœuds dans l'estomac.
BN : Pendant la séance qualif’, donc ?
A : Oui. Cette année-là, les pilotes s'élançaient encore un par un. J’étais placée aux Bureau de Tabacs, attendant nerveusement le tour de MON pilote. Il s'était pris une pénalité débile d’ ½ seconde sur son temps à cause d'une erreur de Michelin jeudi. Et je sais qu'il va vouloir rattraper ce retard. Du coup, je stresse comme une malade. Il arrive... et sous mes yeux, il touche légèrement le rail intérieur du Bureau de Tabacs. Oh le con ! (sic). Et dans la seconde qui suit, ça l'envoie dans les rails en face. Ce bruit ! Ce bruit de la Toyota contre les rails... Il est gravé à vie dans ma mémoire. Dans les tribunes : le silence total. La Toyota est complètement détruite et finit doucement sa course plus loin. Puis il sort de sa F1. Ouf ! La peur qu'il m'a foutue ce jour-là...
BN : Inutile de préciser que le pilote en question n’est autre que Ralf Schumacher (sourire embarassé d’Azur). Qu'est-ce qui t'a fait préférer le cadet des Schumacher ?
A : On touche un point sensible, là (rires). Je ne suis même pas sûre d'expliquer le début de manière rationnelle.
BN : On ne t’en voudra pas…
A : J'ai commencé à suivre la F1 mi-1995 et après Spa 95’, j’ai d’abord été supportrice de Michael Schumacher. Début 1997, j'avais 9 ans et je suis tombée sur le GP du Brésil. J’ai vu qu'il y avait le petit frère j'ai vu son sourire, et... j'ai craqué.
BN : Effectivement, ce n’est pas très objectif…
A : Je vous avais prévenu ! Au fil des GPs, je suis vite devenue accro. Et puis il y a eu de véritables démonstrations de pilotage. Comme à Monaco en 97’ sous la pluie (malheureusement, ça s'est terminé dans le rail mais ça commençait bien), Silverstone 98, Spa 98, Magny-Cours 99… Sa personnalité m'attirait aussi… vous n'allez pas me croire, mais il est vraiment bourré d'humour).
BN : Ton admiration pour lui n’a jamais décliné, donc ?
A : Pas du tout. A 11 ans, je ne suivais que lui, je n'attendais que ses déclarations. J'ai failli tout casser quand ce putain de Bridgestone a éclaté au Nürburgring en 1999 et a ruiné sa superbe course. J'ai grandi et je suis toujours restée attachée à lui. C'est un tout : pilotage, personnalité... (son regard se perd) et punaise, son sourire ! Il y a beaucoup d'autres pilotes que j'apprécie, certains même énormément, mais lui… (piquant un fard) Il est toujours resté mon seul et unique chouchou.
BN : Tu as déjà eu l’occasion de le rencontrer ?
A : Oui, à mon plus grand bonheur, et vous allez voir : c’est assez drôle.
BN : Les anecdotes les plus drôles sont les meilleures. Quand cela s’est-il passé ?
A : En 2007. Vraiment une saison pourrie : 1 seul point au compteur pour Ralf, rumeurs dans tous les sens… je sentais qu’il ne serait pas de bonne humeur. Je le vois de loin arriver à la Rascasse (je dois avoir un radar, c’est pas possible !), mais il voit qu’il y a plein de monde, donc il dévie pour sortir par le port. Je vais au port… mais Button sort juste devant lui, du coup il y a plein de fans complètement cinglés qui rapplique. Il change donc ENCORE de parcours et retourne à La Rascasse où il n'y a plus personne... sauf moi. Je l'appelle, mais d'une voix complètement éteinte ! Je me dis que jamais il ne va m'entendre. Pourtant, il s'arrête, attend que je le rattrape et me demande ce qu'il y a. Je lui demande si on peut faire une photo, il accepte, et... tous les fans qui étaient avec Button rappliquent et il a été obligé de tout signer. Je lui ai foiré sa stratégie d'anonymat. (rires)
BN : Un bien beau souvenir, on dirait.
A : Malheureusement, je n’en ai pas de trace… j’ai raté la photo ! Il est très grand, faut dire !
BN : Pas de chance !
A : De toute façon, ce que je préfère, ce sont les anecdotes. Les photos aussi, bien sûr. Les autographes un peu moins, mais le mieux, ce sont clairement les anecdotes.
(à suivre)
Albertascari